La chirurgie est-elle la seule solution pour traiter la maladie de Dupuytren ? Non, c’est une excellente opération bien réglée, mais parfois on peut se contenter d’injections percutanées ; leur but est de faire fondre les éléments constitutifs de la rétraction sous cutanée : cordes et nœuds responsables du repliement invincible des doigts.
Il existe plusieurs substances que l’on peut injecter :
- des toxines issues du streptocoque, puissantes mais dangereuses, source de mauvaise cicatrisation,
- des dérivés cortisonés d’action retard, puissants mais pas toujours convaincants,
- des substances en cours d’étude expérimentale, à l’avenir intéressantes,
Personnellement en dehors des interventions qui sont nécessaires dans les formes sévères, je suis un adepte satisfait des injections de produits cortisonés retard, dont on a une bonne expérience pour le traitement des cicatrices chéloïdes et des cicatrices hypertrophiques.
Comment se pratiquent ces injections ?
Elles sont répétées sans hospitalisation tous les deux ou trois mois. Une anesthésie locale est appliquée dans la paume de la main, les injections se font à la fois dans les cordes longitudinales et dans les nœuds formant des boules sous-cutanées. On doit pratiquer des tunnels à l’aiguille pour placer le produit au sein des cordes très denses, ce qui est désagréable pour le patient.
L’injection est-elle douloureuse ?
Oui elle est douloureuse mais supportable, la technique imposant de créer plusieurs piqures afin de créer ces petits tunnels dans la fibrose, afin placer le produit qui va dissoudre les parpaings fibroblastiques responsables de la rétraction sous-cutanée.
L’effet est-il durable ?
Oui dans mon expérience l’effet est réel et durable pendant 6 mois à 1 ans. Il faut répéter les injections mais les patients semblent préférer cette technique non opératoire, qui semble surtout intéressante dans le stade 1 et 2 de la maladie de Dupuytren. Ce sont les stades de début de la maladie chronique qui évolue à un rythme différent d’un cas à l’autre.
Quels sont les bons candidats pour les injections ?
Les piqures sont intéressantes aussi en cas de récidive précoce après une opération ; on peut aussi utiliser l’injection percutanée dans les formes récidivantes plus tardives, et aussi au niveau du petit doigt rétracté chez la femme, car cette forme de la maladie réagit mal à l’opération chirurgicale.
Pouvez-vous nous montrer un exemple ?
Sur les figures ci jointes, on voit un patient avant : il a été opéré avec un excellent résultat mais une récidive s’est rapidement produite. 3 séances d’injections séparées de 3 mois ont entraîné un assouplissement complet de la main, avec une extension totale possible, comme on le voit sur la figure 2.
Je vous joins une photo des éléments fibreux enlevés au cours d’une opération pour vous faire réaliser la densité de cette fibrose pathologique.