05 Déc Le lipofilling mammaire ou augmentation des seins avec sa propre graisse, mythe ou réalité ?
La liposuccion moderne a été inventée par le docteur Yves Gérard Illouz en 1977; ce génial chirurgien plasticien a rapidement pensé à réutiliser la graisse extraite par aspiration douce au travers de tunnels sous-cutanés au niveau des zones corporelles, là où on manquait de tissu, notamment au niveau des seins que certaines patientes considéraient comme trop petits; ces patientes d’ailleurs parfois supportaient mal les prothèses mammaires siliconées de l’époque, parce qu’elle donnait souvent des coques dures ou bien le silicone trop liquide fuyait au travers des parois de la poche implantée.
40 ans d’expérience clinique !
Si le docteur Illouz et aussi mon maître Raymond Vilain à l’hôpital Boucicaut à Paris ont rapidement adopté cette belle idée de transférer de la graisse depuis une culotte de cheval jusqu’à la poitrine, nous les chirurgiens de l’équipe SOS mains utilisions cette graisse pour combler les pertes de substance au niveau des membres après des accidents dramatiques, ou pour l’introduire sous des placards de radio dermite, qui était la conséquence de radiothérapie trop intense au niveau du thorax ou du creux axillaire. Les résultats étaient extrêmement positifs. Par contre le risque infectieux ne pouvait pas être négligé, et la technique de mise en place de ces transferts de graisse imposer une très grande prudence.
À la suite de travaux américains du docteur Sydney Coleman, qui préconisait une centrifugation de la graisse prélevée, de nombreux collègues se sont équipés d’un matériel complexe d’extraction de centrifugation et de purification des graisses retirées par liposuccion; puis après les travaux du Pr Guy Magalon de Marseille, qui lui conseillait des transferts de toutes petites cellules graisseuses au travers de mini canules, se sont distingués les travaux importants du docteur Emmanuel Delay à Lyon, et du docteur Petit à Paris puis en Suisse: Leur publications scientifiques ont validé la technique de la greffe graisseuse autologue. Cette technique a été ensuite plébiscitée par les chirurgiens cancérologue tel les docteurs Hubert Fitoussi et Isabelle Sarfati à Paris et le docteur Missana à Monaco.
Aujourdhui, nombre de collègues exploitent quotidiennement dans le monde les fantastiques propriétés de la réinjection de sa propre graisse ; Le dr Eric Auclair a même inventé l’augmentation mammaire hybride pour remplir une poitrine insuffisante par des implants mammaires siliconés avec un lipofilling associé pour estomper les bords des prothèses placées en pré musculaire,en avant du muscle pectoral).
Quelle est mon expérience personnelle?
Depuis les années 90 avec les membres de l’équipe SOS mains qui se sont destinés à la chirurgie réparatrice et esthétique, nous avons utilisé une technique extrêmement simple de prélèvement des cellules graisseuses qui sont nettoyés par une simple décantation puis injectées au travers de tunnels très précisément pratiqués à différentes profondeurs des tissus qu’il faut augmenter; pour le moment il n’y a pas le moyen de conserver la graisse qui est prélevée ; cela pour espérer plusieurs séances d’infiltration de la graisse qui serait ainsi préservées d’une façon vitale satisfaisante; des travaux cependant sont en cours pour essayer de résoudre ce problème, afin d’éviter la répétition des opérations de lipofilling en stockant la graisse pendant une période de conservation vitale satisfaisante..
En effet les adipocytes ou cellules graisseuses qui sont replacés par une infiltration que l’on appelle le lipofilling, ne vont pas tous survivre; entre 30 et 50 % de ces cellules seulement vont résister dans leur nouveau territoire d’implantation, ce qui va obliger à deux trois ou quatre sessions pour obtenir une augmentation significative des volumes obtenus in fine.
Un chirurgien américain le docteur Roger Khoury, très inventif, a mis au point un soutien-gorge spécial qui aspire la peau des seins afin d’en augmenter le volume ; ‘on peut ainsi insuffler e plus grands volumes au cours de la première séance et obtenir de plus grosses poitrines.
Dans mon expérience pour passer d’un bonnet A à un bonnet B au niveau des seins trop petits, il faut au moins deux sessions de lipofilling ce qui entraîne un coût discrètement supérieur à celui d’une augmentation mammaire par des prothèses mammaires en une seule opération.
Il y a-t-il un autre intérêt au lipofilling ?
Oui on parle maintenant de médecine régénérative car il y a dans la graisse que l’on enlève parmi les adipocytes ou cellules graisseuses obèses, des cellules différentes qu’on appelle les cellules souches; celles-ci sont capables de se différencier en diverses autres cellules spécialisées et comportent également des possibilités de synthèse protéique très intéressantes pour la régénération des tissus y compris dans le cadre du vieillissement.
En conclusion
La Graisse qui était jusqu’en 1975 considérée comme un tissu abominable entraînant laideur et difformité corporelle, devient un véritable trésor biologique qui peut être exploité d’une façon astucieuse et ne créant pas d’allergie puisque ce sont des tissus pris sur vous et qui sont destinés à votre propre enveloppe corporelle. Ils peuvent servir à augmenter la poitrine mais aussi le sexe masculin, à traiter bien des conditions sans solution autrefois telle les radiodermites ou les rétractions cicatricielles; le tissu graisseux et donc passé de disgrâce pesante à une source potentielle de survie.