
22 Mai Opération Angelina Jolie
Le mercredi 21 mai 2025 a eu lieu une importante session à l’Académie de chirurgie de Paris ; une des présentations les plus remarquables a été celle du professeur Carole Mathelin chef de service de sénologie dans les hôpitaux de Strasbourg et récemment élue présidente de l’Académie de Chirurgie, ce qui montre que l’institution vénérable n’elle n’est pas du tout anti-féministe!
Le professeur Mathelin a évoqué au cours de sa présentation le difficile problème des mammectomies préventives chez les patientes qui sont porteuses des risques ou de stigmates biologiques de gênes cancérigènes BCRA.
Enlever le sein glandulaire pour ne pas risquer de cancer du sein est techniquement possible
Tout le problème est qui est propriétaire de son corps?
En tout cas pour les patientes dont la famille a présenté un cancer du sein, il peut se poser un véritable dilemme: pour essayer de diminuer la rançon de l’apparition d’un cancer trop rapidement alors qu’on est porteuse d’une fatalité génétique,
Il est possible de subir ce qu’on appelle une mammectomie sous-cutanée préventive, qui actuellement permet d’enlever la glande mammaire comme si on a enlevait, le jaune d’œuf mais qu’on laisse le blanc et la coquille c’est-à-dire la peau , l’aréole et le mamelon;
Le volume est reconstruit de plusieurs façons:
– soit par l’implantation immédiate d’une prothèse mammaire en gel de silicone
-soit par des transferts microchirurgicaux de tissu qu’on prend sur le ventre ou dans le dos – -soit par une méthode encore plus récente mais qui semble gagner la faveur des chirurgiens c’est le lipofilling mammaire qui consiste à pratiquer une augmentation du sein par des cellules graisseuses sur la patiente elle-même.
Mais il faudra s’y reprendre à plusieurs reprises car il faudra au moins 3 ou 4 interventions pour arriver à gagner 2 ou 3 bonnets.
Enlever la glande mammaire puis reconstituer le volume est possible
il y a donc des possibilités techniques de réparation qui ne sont pas nulles.
Mais tout le problème c’est qu’il y a encore 10 % de risques d’évolution vers une maladie cancéreuse même quand cette opération préventive est pratiquée;
Par ailleurs on observe des complications et des insatisfactions dans 30 à 40 % des cas lorsqu’on fait une mammectomie sous-cutanée préventive suivie d’une reconstruction immédiate …Ce n’est pas mon vrai sein se plaignent les patientes…
La popularité de cette opération tient au fait que c’est Angelina Jolie qui a publiquement déclaré qu’elle avait un risque de cancer du sein familial et qui donc s’est adonnée à cette opération chirurgicale, qui aux États-Unis est assez libre et sans contrainte.
En France il existe des restrictions car il faut qu’un conseil médical associant un cancérologue, un chirurgien du sein, un plasticien et éventuellement un psychologue puisse délivrer une sorte de certificat d’opérabilité.
Le professeur Mathelin a d’ailleurs souligné que certaines patientes peuvent devenir agressives lorsque le chirurgien refuse de pratiquer l’opération
Je suis personnellement très réticent à pratiquer ce type d’opération, sauf nécessité absolue
J’avais eu une expérience de ce type d’opération avec le professeur Jacques Reynier qui était le chef de service de chirurgie générale à l’hôpital Boucicaut et dont je voyais certaines patientes compliquées à la suite d’une opération qu’il mettait beaucoup en avant et qui s’appelait la mammectomie sous-cutanée préventive, l’opération qu’il pratiquait très couramment même lorsqu’il n’y avait pas de cancer mais qu’il existait des calcifications mammaires au niveau des glandes mammaires, visibles sur des mammographie.
Les patientes étaient tellement malheureuses en cas de raté que finalement le regret s’exprimait devant moi; la réparation secondaire était particulièrement difficile; j’en avais conclu l’adage que tant qu’il n’y a pas de cancer il n’y a pas de cancer et donc je conseillais à ses patientes qui hésiteraient encore vis-à-vis d’une opération assez mutilante finalement, d’attendre vraiment que le du temps passe et que leur certitude de subir l’intervention soit fermement établie dans leur esprit.
Sommes-nous totalement propriétaires de notre vie, de notre mort et de notre corps?
Pendant cette séance à l’Académie de chirurgie le professeur Mathelin a parfaitement posé le problème; elle-même est relativement réticente pour généraliser l’opération Angelina jolie. Elle se demande si la propriété de notre corps est totalement accordée à chaque individu et si les décisions que nous décidons, que ce soit pour notre survie ou pour notre mort, sont suffisamment bien analysées, éclairées et comprises pour que nous puissions nous décider en connaissance de cause.
Enfin les progrès qui existent actuellement dans le traitement du cancer du sein font que même dans certains cas les chirurgiens et les oncologues ne pratiquent plus du tout d’opération mutilante Opération Angelina Jolie, ou font parfois des petites opérations à type de tumorectomie suivie de traitements biologiques qui sont extrêmement performants
Ainsi, l’opération Angelina Jolie reste-t-elle très discutable et bien qu’elle puisse être utile dans certains cas extrêmement rares- surtout en cas de panique absolue chez une patiente convaincu qu’elle ne souhaite plus porter une poitrine pouvant entraîner une cancérisation à un moment donné de sa vie, il convient néanmoins d’essayer de la faire changer d’avis en lui expliquant que cette opération d’une part ne prévient pas le cancer à 100 % et que d’autre part elle est aussi suivie de complications esthétiques et fonctionnelles qui ne vont pas peut-être lui rendre la vie plus facile que l’angoisse qu’elle redoute psychologiquement.