Allogreffes humaines du visage et des mains : l’impulsion décisive du professeur Jean-Michel Dubernard

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Allogreffes humaines du visage et des mains : l’impulsion décisive du professeur Jean-Michel Dubernard

Les allogreffes de mains et de visage ont commencé au 20e siècle, sous l’impulsion notamment du professeur Jean-Michel Dubernard, auquel l’Académie de chirurgie a rendu un solennel hommage le 7 septembre 2021. Cette séance fut mémorable à plus d’un titre.

 

Professeur Dubernard

 

Le professeur Jean-Michel Dubernard a eu une formation d’urologue. Il s’est intéressé aux greffes d’ilôts pancréatiques le pour traiter le diabète grave de type 1, au cours d’un stage aux États-Unis; très impliqué dans les bouleversements  de la société, il a eu aussi un rôle politique en tant que député réélu maintes fois de la région lyonnaise; il est à l’origine de la création de la Haute Autorité de santé (HAS) chargée d’examiner et de réguler les dispositifs médicaux mais aussi d’améliorer les soins et les algorithmes décisionnels médicaux, par des recommandations soigneusement étudiées puis émises aux fins de certification des professionnels de santé.

 

Première greffe de la main et du visage

 

Parallèlement, son esprit inventif l’a conduit à réaliser la première greffe mondiale d’une main chez un patient amputé, contre l’avis de tous ses collègues, inquiets du traitement antirejet à vie nécessaire; puis il a impulsé une greffe  des deux avant-bras chez un autre blessé, qui les porte toujours avec satisfaction; enfin il a participé à la première greffe mondiale du visage réalisée par le professeur Devauchelle et son équipe à Amiens sur Isabelle Dinoire, dont le visage avait été dévasté par la morsure d’un chien.

 

L’hommage qui lui a été rendu par un  philosophe neurophysiologiste (pr Emmanuel Meunier), un chirurgien impliqué dans le système de santé (pr BELGHITI), fut complété par un exposé impressionnant du professeur Benoît Lengelé, officiant à l’Université de Louvain en Belgique; ce chirurgien plasticien professeur d’anatomie, remarquable dessinateur au tableau noir , à l’esprit très large et artistique nous a exposé ses derniers travaux révolutionnaires: Il ne s’agit rien de moins que de mettre au point des homogreffes d’organes, notamment du visage et des doigts, en les déspécifiant : On enlève tous les tissus immunologiquement compétents susceptibles d’entraîner une réaction de rejet de l’hôte contre le greffon, mais en conservant tout l’architecture matricielle vivante, y compris les nerfs et les vaisseaux, ainsi que la structure fibreuse dermique maintenant l’architecture constitutive des formes : en procédant ainsi, en rebranchant les vaisseaux et les nerfs par microchirurgie, on pourrait reconstruire pratiquement tous les organes abîmés, en prélevant leur équivalent sur un sujet décédé et librement donneur d’organe. Le sang du receveur réoccupe les territoires vidés, les colonise, les accepte sans rejet.

 

Ces techniques sont assez avancées de façon expérimentale mais non encore appliquées chez l’homme.

 

En tout cas c’est la démonstration que le champ de la chirurgie plastique reconstructrice et esthétique reste un vaste domaine d’innovations potentielles, dans lequel le professeur Jean-Michel Dubernard avait creusé des sillons préliminaires.