25 Août Histoire de l’abdominoplastie
INTRODUCTION
Dès les premières abdominoplasties dites primitives, les collègues chirurgiens ont eu l’instinct d’un tracé harmonieux qui permette de résoudre le problème de l’exérèse cutanée et d’une cicatrice dissimulable !
Kelly dès 1910 décrit les résections losangiques de l’excès abdominal (wedge excision). Un certain Weinhold aurait décrit en 1909 les plasties en T. C’est Ivo Pitanguy et Callia qui ont cerné le mieux le problème dans leur publication faite dans les années 1967, en décrivant précisément la technique moderne avec transposition de l’ombilic. Castanares dans le même numéro du PRS de 1967 à classé judicieusement les déformations abdominales. Il a aussi beaucoup insisté sur l’intérêt de réaliser des interventions rapides. FM GRAZER en 1973 soulignait l’évolution des cicatrices vers plus d’horizontal du fait de la mode bikini. P. REGNAULT du Canada décrit en 1975 la cicatrice en W. Elle permet de mieux ajuster les berges cutanées, notamment latéralement, et tend mieux les flancs vers le bas. Dans les années 1980, ILLOUZ introduit la liposuccion. L’association avec la liposuccion révolutionne la gestion des excédents graisseux profonds. A l’époque, nous l’avons vu, il n’était pas honteux d’ajouter une cicatrice verticale à l’horizontale. C. DUFOURMENTEL avait d’ailleurs publié à ce sujet en 1959. Le Docteur Vilain appelait cette apparence « une cicatrice d’autopsie ». A sa suite j’ai toujours insisté pour que dans le service nous ne fassions que des cicatrices verticales quand il y a une absolue nécessité.
LA BIKINISATION DES CICATRICES
Dans les années 1970, un changement majeur est observé dans la mode des sous-vêtements féminins et masculins : les maillots de bain homme étaient des slips courts et moulants. Progressivement, la forme des maillots de bain féminins devenait de plus en plus courte. Les maillots féminins devenaient petits et étroits, dévoilant le bas de l’abdomen et rasant les poils pubiens. Pendant 15 ans nous avons donc du horizontaliser la cicatrice et tricher : la berge horizontale était plus courte que la berge du haut plus arciforme. Ainsi, apparaissaient des oreilles latérales, caractéristiques des plasties abdominales faites par les ORL, selon le bon mot de notre maitre Vilain.
LE FER À CHEVAL D’ELBAZ
Dans les fécondes années 1970, la recherche de cicatrices quasi indétectables a été poussée à son extrême par JS Elbaz, inventeur des évolutions du tracé des cicatrices de plastie abdominale péri-pubienne dite « en fer à cheval » et décrite en 1970. Les cas qu’il a présenté furent très convaincants. Cependant, peu de collègues l’ont suivi dans cette direction. Peut-être que quelques déformations pubiennes ou génitales ont bloqué le devenir de ce concept astucieux !
LA REMONTÉE DES MAILLOTS DITS BRÉSILIENS
Inéluctablement, la mode de Copacabana a pris le dessus. Fesses dégagées, maillots remontant haut sur le côté, allongement concomitant de la cuisse, ont propulsé un nouveau dessin des plasties abdominales. Il fallait bien suivre la mode pour cacher des cicatrices parfois insupportables pendant les premiers mois ! La cicatrice droite et symétrique obtenue par appariement de 2 arcs bien symétriques, dessin prôné par Claude Nicoletis, n’était plus de mise. Elle était trop haute pour pouvoir être dissimulée dans un maillot brésilien tendance !
LES TECHNIQUES ACTUELLES
Il n’y a plus de cicatrices « standards ». Il faut savoir s’adapter à une grande variation d’anatomies, de désirs varies, d’enthousiasmes parfois irraisonnés. Non seulement importe la position de la cicatrice mais aussi la façon dont elle est réalisée. L’invisibilité recherchée est un défi permanent, les méthodes de sutures étant en évolution positive constante. A l’heure du TRAM et du DIEP, le fait que les cicatrices soient plus hautes est pardonné si le ventre devient bien plat et réactif.
LA DERMOLIPECTOMIE CIRCULAIRE
Avec un Raymond Vilain créatif, le positionnement des cicatrices fut étudié attentivement. Devant, le choix fut pour une cicatrice arciforme située quelques cm au-dessus du pli naturel. Vers l’arrière, la cicatrice se trouve située à quelques cm au-dessus du pli fessier. Pas de solutions à l’époque pour les gros plis des flancs. En fait, ce n’est que de nos jours que des solutions ont été rapportées par Rami Selinger et Dennis Hurwitz.
PLASTIE ABDOMINALE SOUS MAMMAIRE
Fréquemment, on voit réapparaître cette solution censée corriger à la fois l’excédent cutané du ventre et remonter les seins par plastie sous mammaire. Elle eut son heure de gloire à Boucicaut. Mais invariablement, la cicatrice descendait, donnant des seins implantés trop bas et une cicatrice medioxyphoidienne peu esthétique. Nous l’avons donc abandonnée, mais tous les 10 ans elle refait surface et est reconduite dans ses indications de rêve !
PLASTIE ABDOMINALE TRANSVERSE PÉRI OMBILICALE
Voyant que chez une patiente encore jeune la peau supra pubienne était très belle et que les vergetures prédominaient en péri ombilical, les Chirurgiens Esthétiques Plasticiens de l’Ecole de Paris, dont Daniel Morel Fatio, nous firent faire cette résection astucieuse qui pouvait ressembler à une hépatectomie. La patiente en fut très heureuse. Cependant la cicatrice rouge qui barre l’abdomen en son centre ne me parut pas adéquat à long terme. De plus, la résection que permet cette approche inhabituelle provoque des oreilles latérales pas faciles à résoudre. Personnellement, je ne conseille pas ce dessin sauf dans certains cas rares, et avec une patiente qui accepte de cacher sa cicatrice dans un tatouage rédempteur ou dans un maillot une pièce, plus simplement.
LE MINI LIFT ABDOMINAL
Voilà une opération apparemment géniale ! Mais rarement possible, du fait que la cicatrice, un peu plus longue qu’une césarienne, continue de laisser un ventre excédentaire et plissé en position assise. Satisfaites en position debout, les patientes regimbent en position assise. En effet, tout leur problème abdominal n’est pas résolu ! Il faut donc bien sélectionner les indications de cette mini plastie. Ajoutons que la correction du diastasis des droits est possible par voie de mini plastie abdominale. Elle reste possible par un court abord péri ombilical.
LE ROUND BLOCK PÉRI OMBILICAL
A la suite du round block de Louis Benelli, certains collègues imaginatifs ont voulu appliquer le même principe au nombril. A l’aide de plusieurs bourses enfouies péri ombilicales, ils ont tenté d’enlever un maximum de téguments et resserrer autour de l’ombilic les tissus froisses. Les résultats observés étaient plutôt décevants. En effet, l’ombilic s’est nénupharisé, réétalé, donnant un aspect cauchemardesque à la patiente furieuse qu’il a fallu reprendre par une plastie abdominale standard pas facile !
LA PLASTIE ABDOMINALE SANS TRANSPOSITION DE L’OMBILIC
Cette intervention a pour but de pallier les inconvénients du mini lift abdominal. Il s’agit d’enlever plus de peau, et ne pas transposer l’ombilic. Il est possible en le sectionnant au ras de l’aponévrose de le réinsérer plus bas, tout en gardant une bonne adaptation tégumentaire. De nombreux auteurs adorent cette technique astucieuse dont je n’ai aucune expérience, préférant pour des raisons sentimentales et sans doute exagérément traditionalistes la préservation de l’implantation naturelle de l’ombilic, cette fleur de chair maternellement transmise !
CONCLUSION
Les trace des plasties abdominales n’a pas fini d’évoluer avec les impératifs sociétaux ! De bas en haut, de courbe en rectiligne puis à nouveau incurvé, associé à des gestes musculaires ou ombilicaux, cette fantastique intervention esthétique et réparatrice qu’est devenue la plastie abdominale n’aura de cesse d’évoluer et de nous surprendre !